Téléchargez l’article au format PDF
Pierre GASTOU
Responsable du service iconothèque et numérisation
Archives municipales de la Mairie de Toulouse
S’il fallait trouver une origine à la planification urbaine de Toulouse, elle serait probablement à chercher dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Alors que la ville connaît une augmentation sensible de sa population, et que les techniques cartographiques de représentation progressent – nous sommes contemporains des Cassini –, des personnalités éclairées vont réfléchir à la rationalisation et à l’attractivité de la cité. Ainsi, sous la houlette de François Garipuy, de Joseph-Marie de Saget et de Louis de Mondran, des travaux d’une ampleur jusqu’ici inconnue vont être projetés puis réalisés entre 1750 et 1782.
En parallèle, les autorités se préoccupent plus modestement de la bonne circulation au sein de la cité. L’idée d’un plan général des alignements, prévoyant la rectification et l’élargissement des voies de la ville, émerge dès cette époque, mais ne se concrétisera qu’au mitan du XIXe siècle sous la main de Joseph Vitry. Le document final, validé en 1842, restera en vigueur à Toulouse jusqu’en 1962. Cependant, malgré cette longue période d’effectivité, son impact sur la structure urbaine est relativement faible.
Ce système avait déjà montré ses limites et le principe, plus radical, de la percée avait été appliqué à Paris par le préfet Rambuteau dès 1834, puis par Haussmann sous le Second Empire. S’inspirant de ces réalisations, l’ingénieur Urbain Maguès propose deux ouvertures de voies perpendiculaires dans le centre ancien de Toulouse. Approuvé en 1864, le projet va donner lieu au plus grand chantier qu’ait connu la cité depuis un siècle.
C’est dans ce contexte qu’un jeune élève de l’école municipale des Beaux-Arts va débuter des études d’architecture qui le mèneront finalement à devenir l’un des membres fondateurs de la Société française des urbanistes. Léon Jaussely est donc le candidat idéal pour réaliser le plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension de Toulouse que la loi de 1919 a rendu obligatoire pour les communes de plus de 10 000 habitants. Visionnaire à bien des égards, le projet qu’il présente en 1928 ne sera malheureusement pas suivi d’effets.
L’affirmation reste toutefois à relativiser car c’est un ancien collaborateur de Jaussely, Charles Nicod, qui est choisi pour concevoir le plan suivant. Ce dernier s’inspirera, en partie, des propositions de son ex-acolyte pour réaliser le document dans le contexte de reconstruction et de planification de l’après-guerre. Le travail, achevé en 1947, sera amendé pour devenir le Plan d’urbanisme directeur finalement approuvé en 1962. Il aura fallu une gestation de plus de deux siècles pour voir l’avènement du premier plan d’urbanisme général de la ville de Toulouse véritablement effectif. Néanmoins, dès l’année suivante, il était mis en révision.
Contenu additionnel :
Page de l’exposition « Toulouse en vue(s) 1515-2015 » sur le site des Archives municipales de Toulouse : https://www.archives.toulouse.fr/nous-connaitre/actualites-informations/toulouse-en-vue-s-1515-2015