Téléchargez l’article au format PDF
Yann CABROL
Directeur général
AUAT
La rue, objet urbain sans cesse réinventé. Tantôt gommée par les tenants de la pensée fonctionnaliste, érigée comme espace du vivre-ensemble par excellence par d’autres, angle mort de l’urbanisme de ZAC lui préférant l’espace public, nouvel actif stratégique des géants du numérique… la rue est de tout temps au cœur des questions urbaines… Qui aurait prédit son nouveau retour sur le devant la scène urbaine à l’occasion d’une pandémie ?
La rue, un graal en période de confinement qui nous a donné l’occasion non plus seulement de la traverser mais de l’occuper… pour une heure seulement. La rue vide, autre image symbolique en l’absence de circulation. Un vide soulignant l’emprise foncière des rues et la large place dédiée à l’automobile. Le piéton et le cycliste y ont gagné du terrain et la rue est devenue espace de loisirs, de sociabilité, un espace de nature même dans les rues végétalisées, un « ailleurs » pour une précieuse heure quotidienne. La rue s’est alors révélée désirable comme espace de semi-liberté. Elle a aussi pu être vécue comme espace de contrôle (de nos attestations de sortie et du port du masque aujourd’hui), voire de peur (des autres, des interactions, de la contamination). Végétalisée, partagée, apaisée… notre regard sur la rue a changé et avec lui nos usages à l’image des « coronapistes », des terrasses de café gagnées sur les stationnements, mais aussi des files d’attente espacées devant les commerces. La rue à nouveau réinventée est au cœur des questions d’urbanisme depuis quelques mois.
Autant de raisons de parcourir la rue avec vous le temps d’un numéro de BelvedeЯ.