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Charlotte MARCHANDISE-FRANQUET
Présidente du réseau français des Villes-Santé de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), adjointe déléguée à la santé et à l’environnement
Ville de Rennes
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé par « un état de complet bien-être physique, mental et social » et érige la « possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre » comme droit fonda-mental de tout être humain. Pour ce faire, il faut agir sur tous les déterminants de santé, à toutes les échelles. Les communes et leurs groupements, même si elles n’en ont pas la compétence directement, jouent un rôle pri-mordial dans l’amélioration de l’état de santé des habitants. La preuve par l’exemple à Rennes, qui préside le réseau français des Villes-Santé de l’OMS.
La santé doit être intégrée comme dimension intrinsèque de toutes les politiques publiques, à tous les échelons. C’est le leitmotiv du réseau français des Villes-Santé de l’OMS. Nous promouvons ainsi des politiques locales favorables à la santé. Ce n’est pas que de la prospective, c’est aussi un enjeu immédiat ! Il est en effet prouvé que les inégalités de santé sont liées à des déterminants sociaux, urbains et environnementaux. Localement, nous devons donc nous saisir de ces questions. Nous avons par exemple observé à Rennes que le pourcentage d’enfants de quatre ans en situation de surpoids et d’obésité, s’il est en moyenne à 3 %, peut varier de 0,8 % à 11 % entre deux quartiers.
C’est la Direction Santé Publique Handicap qui porte les questions de santé à Rennes. Elle travaille aussi à leur diffusion et à leur appropriation par les autres équipes à travers un Plan local de santé. Ce plan propose une approche renouvelée des politiques publiques locales et des projets par le prisme de la santé. Par exemple, l’équipe en charge de la rénovation urbaine a intégré dans un de ses projets une étude d’impact sur la santé des habitants. Nous portons aussi les questions de santé à l’échelle intercommunale.
Penser l’articulation santé-climat en lien avec les politiques urbaines
En complément d’une approche intégrée de la santé dans nos politiques locales, il nous apparaît que l’articulation santé-climat est une nécessité face aux défis climatiques et environnementaux que nous connaissons. Cela d’autant plus qu’on peut désormais affirmer que certaines politiques qui nous avaient été présentées comme en faveur du climat dans le passé ont en réalité eu des effets négatifs sur notre santé. On se souvient des politiques incitatives en faveur du diesel pour réduire notre empreinte carbone… Nous en sommes revenus ! L’étroitesse des liens entre santé et climat nous apparaît donc aujourd’hui primordiale : comment lutter contre la recrudescence des moustiques-tigres dans les points d’eau tout en diminuant les îlots de chaleur urbains en été ? Comment végétaliser sans favoriser les allergies aux pollens ? Autant de questions qui demandent aux collectivités d’innover. À Singapour par exemple, des grenouilles ont été introduites dans les points d’eau pour limiter l’augmentation des moustiques et ainsi lutter contre la dengue et le paludisme.
Mobiliser les habitants
À Rennes, nous nous sommes rendu compte que le sujet de la santé est un des meilleurs leviers pour mobiliser les habitants en faveur de l’environnement. Ils se mobilisent en effet plus facilement pour ce qui les touche directement. C’est donc un argument supplémentaire, s’il en fallait, pour investir les questions de santé à l’échelle locale. Plusieurs instances de concertation citoyenne ont été créées, comme le Comité consultatif santé environnement ou encore les Commissions santé de chaque quartier où les habitants sont invités à interpeller la Ville sur des questions de santé et à co-construire des solutions. Les habitants sont ainsi positionnés comme usagers experts auprès de la collectivité et comme ambassadeurs auprès des habitants de leur quartier (réalisation de mesures de la qualité de l’air intérieur et extérieur, actions de médiation, etc.). Il est donc important de les associer car, si nous leur demandons de changer leurs habitudes, nous devons leur en donner les outils.
Créer des environnements favorables à la santé, réduire les inégalités dans ce domaine, suppose donc d’agir sur l’ensemble des déterminants de santé, à tous les niveaux. Localement, il s’agit de penser des écosystèmes favorables au bien-être de chacun par l’intégration de la dimension santé dans chaque politique et chaque projet. Ce premier pas a été fait à Rennes avec notamment l’adoption d’un « PLUi santé ».
Contenu additionnel :
Site internet du Réseau Villes-Santé de l’Organisation Mondiale de la Santé : http://www.villes-sante.com/