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Robert MARCONIS,
Professeur émérite, membre du LISST – CIEU,
Université Toulouse II Jean Jaurès.
Dès la fin du XVIIIe siècle, malgré ses progrès, la « poste aux lettres », empruntant les routes royales pour l’acheminement du courrier, ne répondait pas à l’impatience de tous ceux qui souhaitaient transmettre les nouvelles encore plus rapidement. Avec un système de codage, Claude Chappe eut l’idée de transmettre les informations en utilisant les mouvements de sémaphores mécaniques placés sur les points hauts de certains itinéraires, chacun transmettant au suivant le signal optique reçu… à condition que la visibilité soit suffisante.
En 1852, le télégraphe électrique relie Toulouse à Paris
Entre 1794 et 1830, un réseau de télégraphie se développa ainsi entre Paris et les grandes villes de province. La première ligne transversale fut ensuite établie entre Bordeaux et Avignon en 1833, avec quatre relais à Toulouse, dont l’un placé sur le coteau Guilheméry et un autre au sommet du clocher de l’église des Cordeliers dont la flèche avait été détruite pendant la Révolution. Cette tour a été conservée après l’incendie qui détruisit l’église en 1871.
Le remplacement du télégraphe Chappe par le télégraphe électrique Morse fut un progrès majeur, et Toulouse fut ainsi reliée à Paris en 1852. Si le poste de garde de la préfecture fut choisi pour la première installation, la multiplication des usagers entraîna la création d’un nouveau central, dans le nouvel immeuble haussmannien construit pour abriter le grand magasin d’Antoine Labit, « La Maison Universelle ». Au premier étage, à l’angle des rues d’Alsace-Lorraine et du Poids de l’Huile, six statues témoignent toujours de cette aventure.
En 1891, le téléphone arrive à Toulouse et s’impose progressivement
Poste, Télégraphe et Téléphone, regroupés sous l’autorité de l’État forment alors les PTT. Pour regrouper tous ces services et leurs personnels de plus en plus nombreux, un monumental Hôtel des Postes est construit entre 1887 et 1889, en bordure d’une rue nouvelle, aujourd’hui rue Kennedy, sur les plans de l’architecte Joseph Tillet, à qui l’on doit également les nouvelles facultés des Sciences et de Médecine, allées Jules Guesde. Si la façade en pierre n’est guère mise en valeur du fait de l’étroitesse de la rue, elle est néanmoins dotée d’une porte monumentale surmontée d’une grande horloge flanquée de deux statues. C’est dans le nouvel Hôtel des Postes, devenu « Poste centrale » qu’est aménagé le premier grand central téléphonique qui accueille le public dès 1891, avant que le téléphone ne soit installé chez les particuliers. Malgré le développement de bureaux de quartiers, l’essor de toutes ces activités conduit à réfléchir à l’extension du bâtiment vers la rue Lafayette en bordure du jardin du Capitole. Commencés en 1938, les travaux ne furent achevés qu’en 1948 sur les plans de l’architecte Pierre Thuriès ; c’est là que se fait depuis l’accueil du public, dans une grande salle, derrière une façade – fort contestée à l’époque –, avec ossature en béton armé et remplissage en briques.
L’essor des PTT dans Toulouse avait entraîné, dès l’entre-deuxguerres, la construction d’un nouveau bâtiment pour accueillir certains services administratifs et un nouveau central téléphonique. Sur les plans de l’architecte-urbaniste Léon Jaussely, auteur du premier plan d’urbanisme de Toulouse, un immeuble de style Art déco fut édifié dans le quartier Saint-Aubin, à l’angle des rues Riquet et des Écoles (aujourd’hui rue Camichel). Les troupes d’occupation allemandes ont fait sauter le central téléphonique au moment de la libération de Toulouse en août 1944.
Cet héritage monumental, témoin du développement de la poste et des télécommunications, ne joue plus le même rôle aujourd’hui dans la vie toulousaine, mais sa valeur patrimoniale mériterait sans doute une plus grande attention. Depuis trente ans, les réorganisations institutionnelles des services qu’il abritait, leur diversification, l’ouverture à la concurrence des télécommunications et l’essor des technologies ont suscité de nouvelles pratiques dans une « ville numérique » où l’usager se voit même proposer un accès direct à ses correspondants, et cela où qu’il soit… même dans le métro, grâce au Wifi, depuis le 10 novembre 2017.
Pour aller plus loin :
Sur ces questions, voir en particulier les articles d’Alain Le Pestipon dans L’Auta :
- « Le télégraphe de Chappe à Toulouse et dans la Haute- Garonne », 1992.
- « L’Hôtel des Postes et des Télégraphes de Toulouse », 2003.
- « Un grand bâtiment de style Art-Déco à Toulouse celui de la direction des PTT dans le quartier Saint- Aubin », 2016.
Et, dans les Cahiers de la FNARH :
« Histoire sommaire de La Poste à Toulouse », 2006.
Photos et illustrations © Ville de Toulouse, Archives municipales,
cote FRAC31555 9fi7267, © R. Marconis, © SMTC Tisséo